Evénement : Réunion-débat
Organisateur : Penser public
Date : 12 décembre 2006
Thème : L’action de sécurité routière en France : quelle légitimité pour les pouvoirs publics ?
Intervenant : Vincent Spenlehauer, Politiste, directeur du GARIG (Groupe d’Analyse du Risque routier et de sa Gouvernance) à l’INRETS (Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité)
Contexte : Les pouvoirs publics ont, depuis quelques années, largement pris en main la politique de Sécurité routière, notamment par des actions fortes comme le projet radars automatiques. Pour autant, la légitimité des pouvoirs publics dans ce domaine n’a pas toujours été de soi pour tout le monde (les constructeurs automobiles, voire les citoyens eux-mêmes) et a mis longtemps à se construire.
En France, la création en 1949 de l’association « La prévention routière » par la Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA) a évité l’intégration de l’activité d’assurance contre les dommages corporels dans le champ de la Sécurité sociale. C’est par le biais de cette association que sont organisées dans les écoles les actions de sensibilisation à la sécurité routière.
Plus récemment, la « Ligue contre la violence routière » nous a fait glisser de la notion d’insécurité à la notion de violence. Cette évolution a accompagné et facilité le tournant répressif des politiques publiques dans ce domaine.
Au plan européen, la Commission européenne a largement œuvré à la mise en place d’EuroNcap (European New Car Assessment Program), association en charge de classer les véhicules selon leur résistance à des crash test (frontaux et latéraux). La réticence initiale de beaucoup de constructeurs n’a pas évité qu’au final une pression forte s’exerce sur eux en raison de ces classements.
La reconnaissance de la légitimité des pouvoirs publics à intervenir dans le domaine de la sécurité routière peut aussi trouver des alliés inattendus. Par exemple, la diminution des gaz à effet de serre consécutive à la baisse de la vitesse sur les routes, trouve désormais le soutien des promoteurs du développement durable.
La légitimité des pouvoirs publics tient également à leur capacité à collecter de l’information (données sur les accidents par exemple). Dans certains secteurs, on notera d’ailleurs que la collecte d’informations est insuffisante et empêche la mise en œuvre de politiques publiques vigoureuses (risque piéton, risque moto).
Globalement donc, la légitimité des pouvoirs publics en matière de sécurité routière se construit toujours sous forte contraintes en provenance de la sphère privée mais aussi publique. Les remarquables progrès des cinq dernières années montrent néanmoins qu’il n’y a pas de quoi désespérer : il est possible de jouer positivement avec les contraintes et saisir les opportunités qui se présentent.